Article de Cécile Bidan Ouest Inria n°7 |
Le 2 octobre, Geneviève Fioraso, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a présenté l’agenda numérique pour l’enseignement supérieur pour les 5 années à venir : 18 actions, le projet France Université Numérique pour la formation (coordonné par la FCS FUN), et le lancement de la première plateforme française de cours en ligne massivement ouverts, ou MOOCs.
Au sommaire de ce zoom sur :
- De quoi s’agit-il ? En quoi Inria est-il concerné ?
- Le projet France Université Numérique
- MOOCs, de quoi s’agit-il ?
- Inria dans tout ça ?
- Pour en savoir plus
De quoi s’agit-il ? En quoi Inria est-il concerné ?
Le cadre des nouvelles mesures s’inscrit d’une part dans la feuille de route sur le numérique adoptée par le gouvernement le 28 février 2013 fixant la jeunesse, l’école et l’université comme priorités, et d’autre part dans la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche du 22 juillet 2013, inscrivant le numérique comme « levier d’une université en mouvement ».
Ainsi la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a présenté l’agenda numérique pour l’enseignement supérieur qui doit permettre de développer les 3 axes de la transformation de l’ESR (Enseignement Supérieur et Recherche) que sont :
1. l’utilisation du numérique pour faciliter toutes les étapes du parcours de réussite de l’étudiant
2. faire du numérique un levier de la rénovation pédagogique
3. faire du numérique un signe de modernité pour une attractivité renforcée de l’Université.
Cet agenda décrit 18 actions, ainsi que le projet France Université Numérique pour la formation et le lancement de la première plateforme française de cours en ligne ou MOOCs.
Le projet France Université Numérique
Le projet France Université Numérique vise à permettre le développement de nouveaux services numériques pour les étudiants et la rénovation des pratiques pédagogiques. La FCS (fondation de coopération scientifique) France Université Numérique porteuse du projet aura pour missions de :
– Déployer un portail d’information sur les formations numériques françaises,
– Piloter la première plateforme nationale hébergeant les MOOCS.
MOOCs, de quoi s’agit-il ?
– « M » pour « Massive » : le cours peut s’adresser à un nombre illimité de participants ;
– « O » pour « Open » : le cours est ouvert à tous, il n’y a aucun critère d’éligibilité ;
– « O » pour « On line » : le cours est en ligne ; il peut combiner à la fois vidéos, évaluations, tutorats, corrections par des pairs, interaction en ligne avec des enseignants… Contrairement à ce qui s’appelait la « formation ouverte à distance », la communauté des apprenants (les personnes connectées au cours) peut communiquer ;
– « C » pour « Course » : c’est un cours, il y a donc des objectifs pédagogiques, ce n’est pas une simple ressource documentaire mise à disposition.
Et parfois : xMOOCs (modèle « instructiviste » donc plutôt le format d’un cours classique) ou cMOOCs (modèle « connectivisite) avec un organisateur plus qu’un professeur) Et aussi le nouveau concept « SPOC » pour « Small private open courses », des cours toujours en ligne et gratuits, mais restreints à quelques dizaines ou centaines d’apprenants….. Affaire à suivre ! |
Les Moocs (ou Clom en français, pour « cours en ligne ouverts et massifs ») ont donc pour objectif de « réunir le maximum possible d’apprenants en ligne en les incitant à coopérer, s’entraider et participer dans une logique de co-construction de la formation » (source AEF).
Concrètement, une plateforme nationale mutualisée héberge sur un site web unique les formations numériques dispensées par des établissements d’enseignement supérieur français dans un premier temps, européens et internationaux, en langues étrangères, à terme. Les premiers cours disponibles proposés touchent à l’histoire, aux mathématiques, à la biologie, à la santé, au numérique, à la physique, au droit, etc… Ce dispositif est conçu au bénéfice des étudiants, mais aussi des salariés et des demandeurs d’emploi (dans le cadre de la formation continue par exemple) et plus généralement de tout citoyen désireux de se former, des enseignants. Pour certains, il en va aussi de l’intérêt des établissements, en terme de visibilité internationale, ou en tant qu’outil de sélection de candidats et d’attractivité des étudiants étrangers.
Le dispositif fait actuellement l’objet de débats. Les éléments de contexte évoqués par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche demeurent :
– La révolution numérique qui impacte la façon de communiquer et d’enseigner. Depuis 2008, l’essor des MOOCS est remarqué aux États-Unis notamment, où deux plates-formes Coursera et EdX investissent dans le développement d’outils et de contenus pour satisfaire déjà plus de 3 millions d’étudiants qui suivent des cours de Stanfort, d’Harvard ou du MIT. Le train est en marche au Royaume-Uni (FutureLearn), en Allemagne (Iversity)… On parle pour 2013 de 5 millions d’étudiants répartis dans 196 pays qui ont suivi plus de 400 cours (source: Le Point) ;
– L’évolution des « apprenants » qui sont désormais des « digital natives » (ayant accédé à l’information et à la culture via le numérique dès le plus jeune âge) connectés et jonglant avec l’information ;
– Des initiatives régionales ou nationales, via Renater par exemple, qu’il est nécessaire de mieux structurer.
Des moyens spécifiques sont d’ailleurs mobilisés. Des dotations de postes seront attribuées aux établissements d’enseignement supérieur. 12M€ seront dégagés sur l’actuel PIA et mobilisables par vagues successives dans une logique d’appels à projets. Une convention sera signée entre le MESR et la Caisse des dépôts et consignations sur les campus d’@venir.
L’ouverture des inscriptions sur le portail est prévue le 28 octobre ; le début des cours en ligne est annoncé pour janvier 2014. L’inscription est libre sur ce site.
Centrale Nantes et Telecom Bretagne se sont lancés dans l’aventure à la rentrée 2012 avec le MOOC ITyPA (Internet : Tout Y est Pour Apprendre – voir l’article Inriality) : 1400 personnes (élèves ingénieurs de 2ème année dans les deux écoles d’ingénieurs, salariés, étudiants étrangers) ont suivi dix semaines de cours. D’autres MOOCs français sont lancés (Centrale Lille sur la gestion de projet, l’Ecole Polytechnique en mathématiques, mathématiques appliquées et informatique, le Collège des Hautes Etudes-Lyon Sciences….).
Inria dans tout ça ?
Dans son plan stratégique 2013-2017 « Objectif Inria 2020 », l’Institut affichait son souhait de contribuer à la production de cours en lignes dans le prolongement de l’expérimentation Fuscia : « D’une part Inria étudie des associations à des sites de cours en ligne, portés par les grandes universités étrangères…. D’autre part, en collaboration avec de grandes universités françaises ou européennes, Inria veillera à maîtriser ces technologies et sera moteur dans la constitution d’une plateforme étendue au niveau européen. »
Pour l’instant et concrètement, Inria est effectivement associé au déploiement de la plateforme, en partenariat avec Cines et Renater. Côté Inria, les membres de l’ADT MoocLab sont impliqués, et l’équipe devrait être élargie prochainement. Comme évoqué par C.Kirchner dans son interview du 27 septembre, l’initiative permettra également à Inria «d’expérimenter en réel les problématiques d’ingénierie pédagogique pour faire évoluer la plateforme grâce à des outils issus de la recherche, et développer des cours dans le domaine des sciences du numérique avec l’ambition d’apporter le bénéfice de l’expertise pointue de nos chercheurs et de leurs connaissances ».
Pour en savoir plus
Les 18 actions de l’agenda numérique pour l’enseignement supérieur, les voici énumérées :
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Actions plus détaillées ici
Et sur Inriality, « Avec les cours en ligne, l’enseignement devient enfin personnel »
Cécile Bidan (Ouest Inria)
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