Samir Perlaza, chargé de recherche de l’équipe lyonnaise SOCRATE, a répondu à nos questions.
Buzz’In : Quel est ton parcours ?
Samir Perlaza : Je suis arrivé en France en 2006 pour poursuivre mes études grâce à une bourse de la Commission Européenne. J’ai effectué un Master en communications mobiles à Eurécom, Sophia Antipolis. Le changement a été rude, mais j’ai apprécié le système d’enseignement français. Puis, j’ai entamé mes études doctorales à Telecom ParisTech sous la direction de Pierre Duhamel, Samson Lasaulce et Merouane Debbah. J’ai ensuite eu l’opportunité de faire un post-doctorat sous la direction de H. Vincent Poor à l’Université de Princeton, N.J. J’y suis resté deux ans et j’ai beaucoup appris mais mon souhait était de poursuivre ma recherche en France.
Au cours de l’été 2013, l’équipe SOCRATE de Lyon a soutenu ma candidature aux concours nationaux d’Inria. En novembre 2013, je quittais Princeton pour rentrer en France et rejoindre Inria.
Buzz’In : Quelles sont tes missions aujourd’hui ?
Samir Perlaza : La France appartient à un petit groupe de pays capables de maintenir un corps de chercheurs entièrement financés par l’État et dont la seule et unique mission est de faire avancer la science et de contribuer au développement des entreprises françaises. Une stratégie d’état dont Inria est un vrai exemple de succès.
Depuis décembre 2013, j’ai la chance d’être chargé de recherche chez Inria. Dès mon arrivée, je me suis entièrement concentré sur des problématiques relatives à la théorie de l’information et à la théorie de jeux, ainsi que sur des problèmes appliqués relevant des domaines des systèmes de communications et de la distribution de l’énergie électrique. J’ai trouvé chez SOCRATE un environnement pluridisciplinaire où se mêlent recherches théoriques et préoccupation de validation expérimentale à travers par exemple la plateforme CorteXlab.
Mes travaux portent sur l’identification des limites fondamentales de la transmission de données sur un système de communication, ce qui est aussi, en partie, l’un des objectifs de la théorie de l’information. Un exemple de limite fondamentale que nous connaissons tous est la vitesse de la lumière ou du son.
Mes problématiques quotidiennes sont par exemple : Quel est le taux maximal de transmission d’un ensemble de paires émetteurs-récepteurs radio soumises aux interférences mutuelles ? La réponse à cette question est probablement un ensemble d’équations qui sont très utiles à un opérateur de communications mobiles. Ces équations sont indépendantes de la technologie et de l’intelligence du concepteur du système ; dans 50 ou 100 ans, la limite restera la même quelles que soient les avancées technologiques.
Buzz’In : Mais comment la recherche en théorie de l’information ou en théorie de jeux peut-elle être utile aux entreprises ?
Samir Perlaza : Connaître une limite fondamentale dans un système quelconque permet de mieux décider d’un investissement. Par exemple, si une technologie arrive à garantir des performances qui sont près de la limite, un gouvernement ou une entreprise peut décider de ne plus investir dans son amélioration car les bénéfices ne justifient pas les coûts d’investissement. Sans la connaissance de ces limites fondamentales, on ne saura jamais si ces décisions sont bonnes ou mauvaises. Cela ne veut pas dire que l’on connait bien les limites des systèmes de communications actuels. Bien au contraire, il reste encore beaucoup de verrous scientifiques à lever. Sur ces sujets on en connait moins que ce que l’on imagine.
Buzz’In : Quels sont tes projets d’avenir ?
Samir Perlaza : L’année 2015 démarre avec de très bonnes nouvelles pour moi et mon équipe. La Commission Européenne, à travers le programme H2020, a accepté notre projet CYBERNETS. La bourse «Marie Sklodowska-Curie Fellowship» qui a été allouée à lnria, permettra de renforcer notre équipe de recherche. C’est la première fois qu’une bourse MSC Fellowship est acceptée dans le cadre H2020.
CYBERNETS est un projet pluridisciplinaire qui utilise à la fois des outils de la théorie de l’information, de la théorie de jeux et du traitement du signal. Ce projet est dédié à l’étude des réseaux de communications sans fil complètement décentralisés, c’est à dire sans contrôleur central comme une station de base. Il s’agit typiquement des réseaux de communication par Wi-Fi, Bluetooth, Zigbee et/ou des technologies comme les petites cellules (small cells) au niveau des réseaux cellulaires. Plus particulièrement, ce projet a pour objectif d’identifier les limites fondamentales des taux de transmission en octets par seconde de ces types de réseaux. Ces travaux sont acheminés en collaboration avec plusieurs collaborateurs nationaux et internationaux, notamment mes anciens collègues à l’Université de Sheffield à UK, Virginia Tech et Princeton University aux US.
A plus long terme, mon projet est de créer un groupe de recherche dans le domaine de la théorie de l’information à Lyon. Dans l’idéal, ce groupe pourrait intégrer à la fois des recherches fondamentales et expérimentales pour garantir un transfert efficace de connaissance et de technologie vers nos partenaires industriels.
EN SAVOIR PLUSH2020 : Présentation générale |
V.P
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