Gaëlle Riverieux, coordinatrice du pôle Édition Scientifique, nous décrypte Episciences.org
Les revues scientifiques, nées il y a plus de trois siècles[1], ont permis la diffusion et la communication des découvertes scientifiques et ont contribué à créer une dynamique d’échanges, genèse des futures communautés scientifiques et des académies que nous connaissons aujourd’hui.
Depuis plus d’un demi-siècle, elles ont particulièrement évolué puisqu’elles sont totalement intégrées au cœur du processus de recherche. Elles l’alimentent, en le nourrissant des résultats produits antérieurement, et elles en diffusent le fruit au plus grand nombre, par le biais des nouveaux résultats produits.
Leur stabilité offre un mécanisme d’enregistrement pérenne et le système de validation par les pairs garantit la validité et la qualité des résultats diffusés.
Les revues scientifiques et leurs nouveaux enjeux
Les revues se trouvent aujourd’hui au cœur de nouveaux débats[2].
Utilisées pour évaluer le travail des chercheurs, elles sont également devenues l’objet d’un marché éditorial très lucratif dont les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche sont devenus captifs.
Le marché de l’édition scientifique
Le marché de l’édition scientifique, tant par sa taille que par le revenu qu’il génère, est devenu une véritable industrie. En 2012, on ne comptait pas moins de 28100[3] revues académiques vivantes, qui collectivement publiaient 1,8 million d’articles par an. Quant au revenu généré, il est estimé à 9,4 milliards USD, rien que pour les revues scientifiques, techniques et médicales en anglais.
Pourtant, ce marché n’a pas bénéficié aux acteurs du monde académique et notamment les bibliothèques qui ont vu leurs dépenses d’abonnements aux revues connaître un accroissement sans précédent.
Augmentation spectaculaire des dépenses d’abonnement, négociations tendues entre professionnels de l’information et certains éditeurs, tout cela conduit à une véritable « serial crisis[4] ». Cette crise a néanmoins apporté une raison supplémentaire pour rechercher des solutions alternatives afin de réduire les coûts ou explorer de nouveaux modèles éditoriaux.
L’épi-journal, nouveau modèle éditorial ?
Un épi-journal se définit comme une revue scientifique électronique, en libre accès, constituée d’articles qui ont été soumis au travers d’une archive ouverte. Il s’agit donc d’un auteur, qui librement, dépose son manuscrit sur un serveur compatible « archive-ouverte » et le diffuse.
Dans l’épi-journal, l’article est soumis à un processus éditorial (relecture par les pairs) en liaison directe avec l’archive ouverte d’origine. La gestion du workflow éditorial est assurée au moyen d’un logiciel de gestion de relecture.
Le process éditorial avec la plateforme Episciences.org
L’UMS CNRS-CCSD (Centre pour la communication scientifique directe) a lancé en 2013, la plateforme Episciences.org qui prend en charge tout le workflow éditorial : soumission du manuscrit, gestion des utilisateurs et de leurs rôles, relecture, grille d’évaluation et validation.
La publication officielle dans la revue ne pourra se faire qu’après acceptation finale par le comité éditorial scientifique.
Comme dans le cas d’une revue scientifique traditionnelle, l’évaluation, le retour critique et la discussion sur la publication sont assurées par des scientifiques. Des itérations peuvent avoir lieu notamment en cas de demande de corrections. L’article publié dans la revue apparaîtra dans l’archive ouverte comme une nouvelle version du document.
Dans le cas où un article est rejeté par un épi-journal, celui-ci reste toujours accessible dans son archive ouverte d’origine, sans qu’aucun lien ne puisse être fait avec l’épi-journal.
Le processus éditorial est ici totalement géré par les communautés scientifiques.
Le soutien du pôle Edition Scientifique d’Inria
Le nouveau pôle d’Edition Scientifique d’Inria peut vous accompagner dans votre projet d’épi-journal :
- Assistance éditoriale et gestion des volumes
- Portage d’une revue existante vers la plateforme Episciences.org
- Migration des données dans une archive ouverte
- Visibilité et référencement
- Animation de communauté
Comme les revues DMTCS, JDMDH et JIPS, soumettez votre projet d’épi-journal :
- Discrete Mathematics and Theoretical Computer Sciences (DMTCS)
ISSN: 1365-8050 http://dmtcs.episciences.org/
- Journal of Data Mining and Digital Humanities (JDMDH)
ISSN: 2416-5999 http://jdmdh.episciences.org/
- Journal d’Interaction Personne-Système (JIPS) http://jips.episciences.org
Qui peut contribuer ?
- des revues existantes, souhaitant s’affranchir d’un environnement éditorial commercial ou déjà en Open Access, mais désireuses d’une mutualisation de services d’accompagnement
- des revues émergentes qui souhaitent un environnement favorisant un déploiement simple et très visible
Après acceptation par un méta-comité, vous pourrez intégrer le portefeuille de revues de la communauté Episciences IAM (Informatics and Applied Mathematics).
Le méta-comité garantit la qualité scientifique des revues tout en favorisant l’émergence de nouvelles revues dans des domaines peu couverts actuellement. Il prend à sa charge la responsabilité et la cohérence éditoriale du portefeuille de revues ainsi que les aspects éthiques les accompagnant.
Inria a pris l’initiative de lancer la communauté « Episciences IAM »et vise à collaborer en coordination avec les institutions et établissements souhaitant s’impliquer dans ce type de projets.
Nous joindre : episciences@inria.fr
Équipe :
- Laurent Romary (Conseiller scientifique, Hümboldt Universität, Berlin)
- Gaëlle Rivérieux (Coordinatrice du pôle Edition Scientifique, Inria Grenoble)
- Hélène Lowinger (Chargée d’Edition Scientifique et Correspondante IES, Inria Saclay)
- Alain Monteil (Chargé d’Edition Scientifique et Coordinateur du pôle Archives Ouvertes, Inria Sophia)
En savoir plus sur Episciences :
- Webcast : Episciences.org, une nouvelle dimension pour les archives ouvertes
- Episciences : an overlay publication platform
- Episciences IAM : un projet éditorial entre rupture et continuité
[1] http://eprints.rclis.org/6375/1/ARL_Proceedings_138_In_Oldenburg%27s_Long_Shadow,_by_Guedon.htm[2] http://www.academie-sciences.fr/presse/communique/rads_241014.pdf |
[3] http://www.stm-assoc.org/2012_12_11_STM_Report_2012.pdf
[4] http://www.unc.edu/scholcomdig/whitepapers/panitch-michalak.html
Gaëlle Riverieux
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