Jean-Louis Roch, responsable de l’équipe-projet MOAIS, s’est prêté au jeu de nos questions.
Buzz’In : Quel est ton parcours ?
Jean-Louis Roch : Enseignant-chercheur, mon parcours quasi-quotidien est le trajet Montbonnot – Campus de Saint-Martin d’Hères, entre recherche et enseignement… presque toujours en vélo (à défaut de transport en commun fréquent en journée), ce qui est plutôt sympa surtout si co-cyclage !
Au collège, je voulais faire des maths (le pgcd, c’est magique!), j’ai découvert un peu l’info en prépa puis le calcul formel à l’Ensimag avec Jean Della Dora; cela m’a motivé pour faire une thèse avec lui sur le calcul formel
et le parallélisme. J’ai ensuite obtenu un poste d’enseignant-chercheur à l’Ensimag. Mon domaine de recherche est l’algorithmique et la programmation parallèle et distribuée.
Mon parcours à Grenoble est orienté, ouest-est : le laboratoire TIM3 puis LMC avec Jean à Grenoble INP avenue Félix Viallet; puis le projet Inria APACHE avec Brigitte Plateau en 1995, qui déménage et que j’ai suivie d’abord au
campus à l’Institut Fourier, puis à Montbonnot (ex-bâtiment Ensimag) où en 2005 nous avons créé l’équipe-projet MOAIS dont je suis le responsable.
MOAIS est devenue une équipe commune avec le LIG et est hébergée depuis maintenant 1 an au bâtiment Inria de Montbonnot.
Buzz’In : Quelles sont tes missions aujourd’hui ?
Jean-Louis Roch : Côté recherche, la mission qui me passionne est de construire des algorithmes et des programmes parallèles portables et sûrs, c’est à dire qui s’exécutent vite (efficacement, donc avec une bonne complexité algorithmique) et bien (correctement, les résultats obtenus sont ceux attendus) sur à peu près n’importe quel réseau d’ordinateurs avec leurs propres caractéristiques. Et tout particulièrement sur des ressources de stockage et de calcul externalisées.
Dans ce contexte distribué et ouvert, une entité ne peut pas faire une confiance aveugle aux autres; il s’agit donc de détecter ou corriger les erreurs éventuelles, qu’elles soient aléatoires ou mal intentionnées, et protéger ses calculs et ses données.
Aussi bien pour l’efficacité que pour la confiance, des protocoles distribués, basés sur l’interaction entre les entités, donnent très probablement des performances inatteignables avec des approches centralisées ou hiérarchiques.
Côté formation, j’enseigne à l’université de Grenoble (Ensimag surtout et UFR-IM2AG) à la croisée entre informatique et mathématiques : l’algorithmique et programmation, la cryptographie et les codes. Je suis responsable pour INP de la spécialité de Master M2 Security, Cryptography and Coding of Information systems, que j’ai créée en 2001 avec Franck Leprévost.
Mes deux « missions » recherche et enseignement sont en fait de plus en plus distinctes (elles l’étaient moins à mes débuts !). Complémentaires, elles me donnent en tout cas un équilibre que j’apprécie… sauf en vélo sous la pluie (ce qui est rare heureusement !)
Buzz’In : Quels sont tes projets d’avenir ?
Jean-Louis Roch : Développer des protocoles interactifs avec des systèmes spécialisés externes pour diminuer la complexité en améliorant le compromis coût-confiance. Grâce aux avancées en complexité (preuves interactives) et en sécurité (chiffrements homomorphiques), je vois de nouvelles formes de calcul et de coopération émerger.
Buzz’In : As-tu un message que tu voudrais faire passer ?
Jean-Louis Roch : Au moins deux !
1/ Ne pas cloisonner informatique et mathématique dans nos formations… ou alors créer une filière mathématiques-informatique !
2/ Nous sommes dans un monde distribué et asynchrone. Et pourtant, nos organisations humaines restent traditionnellement hiérarchiques donc très centralisées et fortement synchronisées, et nos méthodes séquentielles, arborescentes. Pourtant, outre les technologies, l’informatique nous a permis de concevoir de nouvelles méthodes distribuées pour une meilleure coopération, plus efficace et robuste. Pourquoi ne pas mettre en œuvre ces méthodes dans notre organisation ?
Buzz’In : Après près d’un an, que t’a apporté le déménagement dans le bâtiment à Montbonnot ?
Jean-Louis Roch : Précédemment, j’étais dans un bâtiment occupé par une vingtaine de permanents tous sur le thème général du parallélisme et de la performance. Bref un petit village qui a déménagé au sein de la garnison de Montbonnot…
toute ressemblance avec des irréductibles gaulois déplacés au camp retranché de Babaorum serait fortuite et sans coïncidence !
Le déménagement m’a apporté un sentiment très fort d’appartenance à Inria avec une très grande proximité avec les personnes des différents services; et aussi une ouverture en rencontrant des membres d’équipes d’autres thèmes.
Malgré cette proximité, je regrette de parler beaucoup moins au jour le jour de science en dehors de mes proches voisins de bureau. Le précédent bâtiment avait une petite cafet assez centrale avec un tableau, c’était un lieu de
rencontre privilégié pour cela; et on y partageait aussi souvent des gâteaux en milieu d’après-midi. Le déménagement m’a donc apporté moins de babaorum paradoxalement, …mais plus de BBQs : ceux de Privatics sont top !
V.G
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